20 mille heures sous les mers
20h00.
Le
Commandant Cousteau est au hublot, il l’ouvre. Il a bien ajusté son masque de
plongée, son équipement de professionnel d’exploration des fonds marins. L’eau
rentre à flots. A 250 pieds sous la surface, la pression est forte.
20h02.
Jacques-Yves
(appelons-le par son prénom) est surpris par ce qu’il aperçoit. Il en lâche une
longue série de bulles. Un cachalot immaculé est entré dans son champ de
vision. Le cétacé s’approche de lui, venant du fond des mers, lentement,
sûrement.
20h07.
A l’autre
bout de la terre, un gong retentit. Huitième round. Ismaël Johnson remet sont
protège-dents. Johnson vs. Forbus, poids lourds invaincus, le combat de la
décennie disait l’affiche du Madison Square Garden, NY.
20h18.
Cousteau
sourit et adresse le signe universel des plongeurs sous-marins à Moby Dick
(appelons-la par son nom), de sa main gantée. Elle a bien quelques cicatrices, mais
son œil reste noir et profond. Après avoir effectué un huit puis un neuf mais
pas un dix, elle redescend chercher quelque calamar géant à dévorer, là où la
lumière du soleil ne viendra jamais troubler les luttes pour la vie.
20h22.
Forbus
s’écroule. Johnson vient de lui envoyer un uppercut phénoménal ; Au tapis,
sur le dos, il n’entend pas l’arbitre compter 8…9…10…, il repense
soudain, en sombrant, à la première paire de gants de boxe que son père lui
avait acheté.
20h59.
De retour
sur la Calypso, Jacques-Yves se sèche, puis remet son bonnet rouge et demande
tout à trac à son second : Et le match, qui l’a gagné ce soir ?
Punaise, Commandant, j’avais mis 100
dollars sur Forbus, j’ai tout perdu, lui rétorque ce dernier, et vous, ça
s’est bien passé votre sortie ?
21h54.
Ismaël sort
des vestiaires, heureux, victorieux, un œil gonflé, Il embrasse Chérie Melville,
sa fiancée.
Emmène-moi
vite manger des sushis, petit capitaine, lui glisse-t-elle à l’oreille…
C’est beau
l’amour (appelons-le par son nom).
TINO